Les locomotives à vapeur de système Fairlie sont plutôt connues pour leurs prestations sur le Ffestiniog, en voie de 60, au Pays de Galles, qu'en Allemagne...
Pourtant...
- 2 unités ont d'abord été construites pour la voie de 75 de la Saxe en 1885, classées IIK, et...
- un peu plus tard, en 1902, 3 unités pour une ligne en voie métrique saxonne, de Reichenbach à Oberheinsdorf, où elles étaient destinées à tirer des rames de trucks porteurs à travers la ville...
Cette ligne était en fait la seule en voie métrique de Saxe à relever de l'état, une autre ligne aussi gérée par la direction Dresde, celle de Gera - Meuselwitz - Wuitzer n'étant pas située sur le territoire saxon... et n'appartenait pas à l'état...
Classées IM, les 3 machines furent d'abord immatriculées 251 à 253 aux Sächsische Staatseisenbahnen puis 99 161 à 163 à la Reichbahn dans une catégorie K44.10 (locomotive à voie étroite, à 4 essieux tous moteurs, maximum 10t par essieu).
Noter que le "M" dans la désignation saxonne correspond à une locomotive pour la voie métrique (M = Meterspur) tandis que le "K" des IVK et autres en voie de 75 correspond à la désignation d'une locomotive en "voie étroite standard", soit la voie de 75 en Saxe (sans doute K = "Kleinbahn" équivalent à CdeF secondaire ?).
Si les 2 premières pour la voie de 75 avaient été fabriquées par Hawthorn à Newcastle et importées de G.B., les 3 suivantes, pour la voie métrique, ont été construites, comme il se doit, par la Sächsiche Maschinen Fabrik (ex-Richard Hartmann) à Chemitz.
B'B'n4v Hartmann 2647 à 2649 (1902) -> 99 161 à 99 163
Dans la mesure où les premières Fairlie en voie de 75 n'ont pas vraiment été considérées en Allemagne comme un succès, on peut s'étonner d'une nouvelle commande plusieurs années après: il semble que les courbes en ville étaient particulièrement serrées et justifiaient ce choix.
Mais sans doute une Meyer en voie métrique aurait aussi fait l'affaire et... en conformité avec les habitudes locales...
Les Fairlie se caractérisent par...
- une chaudière avec 2 corps tubulaires et un foyer central,
- une cabine centrale pour le chauffeur,
... et elles sont montées sur 2 bogies moteurs, fonctionnant soit en simple expansion, soit en compound (celles pour la voie métrique saxonne étant compound).
Les mécaniciens peuvent soit assurer la conduite depuis les extrémités, soit depuis la cabine centrale, selon les choix spécifiques à tel ou tel modèle...
Dans le cas des Fairlie pour la voie de 75 (comme dans celui des machines du Ffestiniog) la conduite se faisait depuis la cabine centrale; dans le cas de celles à voie métrique elle s'est faite d'abord depuis les extrémités, sans doute en raison du service en ville, puis au moins l'une d'entre elles (la 99 161) fut modifiée pour que la conduite se fasse depuis la cabine du milieu.
A l'origine, le toit couvrait l'ensemble de la locomotive sur tout sa longueur, mais il fut réduit à la surface de la cabine centrale sur la machine transformée.
Quant aux bogies, il y a une protection qui couvre l'embiellage comme ce fut souvent le cas sur les machines appelées à circuler en ville (le but initial étant de ne pas affoler les chevaux...).
La 99 163 a été perdue en Grèce pendant la 2ème GM mais les 2 autres sont restées en service jusque dans les années 60...
- la 99 161 fut alors ferraillée mais l'autre fut conservée...
- et toujours est-il que la dernière survivante de 3 unités, la 99 162 ex-252, seulement mise hors service en 1963, se trouve "sur le Harz", mais n'appartenant pas au Harz, plutôt au Verkehrsmuseum de Dresde; elle a longtemps été garée dans la remise à Ilfeld.
Dans l'ensemble, cette machine a gardé sa configuration d'origine.
Les principales dimensions de ces machines figurent dans le tableau résumant les caractéristiques techniques des locomotives à vapeur du Harz - les locomotives articulées ()
Compte tenu de la politique des HSB, où la vapeur est considérée comme un élément important d'attraction pour le public, et de l'absence d'autres lignes en voie métrique sur le territoire de la Saxe et même de l'ensemble de l'ex-RDA, il y a certainement peu de chances qu'elle quitte le réseau...
La mise en marche d'une Fairlie sur le Harz serait certainement très positive vis à vis de la clientèle étrangère et spécialement de la clientèle britannique, apportant en tous cas une appéciable diversité dans le spectacle offert par le Harz...Mais le budget de remise en route se chiffre certainement à un niveau de l'ordre de 300'000 DEM ou plus et dans le cadre des choix budgétaires, la Fairlie ne fait sans doute pas partie des priorités...
Il ne semble donc pas qu'il y ait encore de plans de remise en route...
Sauf peut-être sous l'égide d'un des 2 groupes de support...